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res civiles, on n’est pas toujours libre de tuer son ennemi comme on veut. S’il n’eût pas été placé à la droite du cheval, et si le coup qui frappa eût été porté par un bras moins vigoureux, Flourens eût péri dans des conditions plus conformes aux lois de la guerre.

(Léonce Dupont. — Souvenirs de Versailles, pp. 55, 57. Paris, Dentu, 1881.)

Hector France[1] n’a pas assisté au meurtre, mais le récit qu’il a fait à Londres, à Louise Michel, et publié par celle-ci dans son livre la Commune, est intéressant pour les renseignements surtout qu’il donne sur l’état d’esprit de Flourens, lorsqu’il se dirigea vers l’auberge funeste. Louise Michel a écrit :

Le récit des derniers instants et de la mort de Flourens me fut donné à Londres, l’an dernier, par Hector France, qui, le dernier de nos camarades, a vu Flourens vivant, et par Amilcare Cipriani, son compagnon d’armes et le seul témoin de sa mort, pour être publié dans cette histoire.

J’étais, dit Hector France, avec Flourens depuis la veille ; il

  1. Hector France (Nicolas-Alphonse-Marie}, né à Mirecourt (Vosges), le 5 juillet 1837, capitaine et homme de lettres. Son père représentant du peuple en 1848, avait été chef d’escadrons de gendarmerie. Elève du Prytanée de la Flèche, engagé volontaire aux spahis, après avoir échoué à Saint-Cyr, capitaine de mobiles, capitaine commandant au 7e chasseurs à cheval pendant la guerre, Hector France se trouvait à Paris au 18 mars. Cousin germain de Charles Lullier, celui-ci l’engagea à servir la Commune. Il fut détaché à l’état-major. Après la défaite, réfugié en Angleterre il y devint professeur de littérature française à l’école royale militaire de Woolwich, analogue à notre école de Saint-Cyr (1880-1895}. Hector France fut aussi un homme de lettres très distingué. Il écrivit dans divers journaux, fut secrétaire général de la société des Vétérans. Il a publié avec succès de nombreux romans populaires et a laissé des livres excellents, tels que : les Va-nu pieds de Londres, l’Amour au pays-bleu, l’Homme qui tue, etc. Il est en outre l’auteur d’un important ouvrage de linguistique : le Dictionnaire de la langue verte. Dans ces dernières années il était rédacteur chef du Vétéran. Il est mort à Rueil, le 18 août 1908. Un brave soldat et un écrivain remarquable, dont plusieurs ouvrages, les uns comme Musc, Haschich et Sang, d’une couleur africaine intense, les autres, comme les Naits de Londres, d’un pittoresque puissant, certainement survivront.