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Page:Les Œuvres libres, numéro 10, 1922.djvu/14

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« Ensuite, certains tentèrent d’enlever le Christ du ciel et même du piédestal historique et de le placer dans la vie ordinaire, courante, en donnant à cette vie ordinaire une impression religieuse, un peu mystique. Telle est La Piéta, de Gay, et aussi un tableau d’un peintre français où le Christ est représenté en prêtre, pieds nus, entouré d’enfants. Mais cela n’allait toujours pas. Et voilà que Gay a pris le sujet le plus simple, et, maintenant qu’il l’a réalisé, le plus compréhensible ; le Christ et sa doctrine en contact avec la doctrine du monde. C’est-à-dire ce en quoi est l’importance principale de la venue du Christ, Importance indiscutable. Les ecclésiastiques qui reconnaissent le Christ comme Dieu, les historiens qui le reconnaissent comme personnage historique important, et les chrétiens qui reconnaissent ce qu’il y a en lui d’essentiel ; sa doctrine morale, ne peuvent nier cela.

« Le tableau de Gay représente, avec toute la fidélité historique, le moment où le Christ frappé, meurtri, traîné d’une prison à l’autre, d’un chef à l’autre, est enfin mis en présence du gouverneur, un bon garçon, qui se fiche du Christ des Juifs et encore plus de la vérité dont lui parle ce va-nu-pieds, lui qui connaît toutes les doctrines philosophiques de Rome. Le gouverneur ne se soucie que de ses chefs, de ne pas être en faute devant eux. Christ voit devant lui un homme égaré, noyé dans sa graisse, mais il ne se décide pas à le rejeter sur l’extérieur seul, et il commence à lui exposer le sens de sa doctrine. Mais cela n’intéresse pas le gouverneur : Qu’est-ce que la vérité ? Et il s’éloigne. Christ regarde avec tristesse cet homme inaccessible.

« Telle est la situation alors, et elle se représente des milliers de fois, partout et toujours, entre la doctrine de la vérité et celle des potentats de ce monde. Et cela est exprimé dans le ta-