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Page:Les Œuvres libres, numéro 10, 1922.djvu/20

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que le christianisme atteignant par sa voie propre tous les buts auxquels aspire le patriotisme rend celui-ci superflu, inutile et gênant, comme la lampe à la lumière du jour.

« L’idéal chrétien contient en soi l’amour pour son peuple. S’il faut aimer tous, sans doute faut-il Minier ses proches. Au contraire, le patriotisme, c’est-à-dire l’amour exclusif pour son peuple, exclut la loi chrétienne d’aimer son ennemi. C’est pourquoi de si grandes cruautés sont commises au nom du patriotisme. Sans cette croyance que le patriotisme est quelque chose de bon, il ne se trouverait pas d’hommes assez misérables pour accomplir les lâchetés que nous voyons, à la fin du xixe siècle. Mais maintenant, les savants — chez nous le plus grand tyran, de la religion est un ancien professeur[1] — ont leur excuse dans le patriotisme. Ils connaissent l’histoire, ils connaissent toutes les horreurs inutiles des persécutions de la langue et de la foi, mais, grâce à la doctrine du patriotisme, ils ont une justification. Le patriotisme leur donne un point d’appui ; le christianisme l’arrache sous leurs pieas. C’est pourquoi les peuples vaincus qui souffrent de l’oppression doivent détruire le patriotisme, détruire ses bases théoriques, et non le glorifier. »


Dans le journal de Tolstoï on rencontre maintes notes ayant trait au capitalisme et au socialisme. En voici une du 5 mai 1892, qui ne manque pas d’actualité :

« Aujourd’hui, en me promenant, j’ai pense qu’aucune entreprise n’est avantageuse avec un

  1. Tolstoï fait allusion ici à Probiédonostzeff alors Procureur général du Saint-Synode » N. D. T.