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JALOUSIE

yeux des novices tels que moi. Aussi ne le jugeai-je pas très bien choisi pour lui demander un service dans une fête où ma présence seule semblait un ironique démenti à ses prétentions.

Je fus à ce moment arrêté par un homme assez vulgaire, le professeur E… Il avait été surpris de m’apercevoir chez les Guermantes. Je ne l’étais pas moins de l’y trouver car jamais on n’avait vu, et on ne vit dans la suite, chez la princesse un personnage de sa sorte. Il venait de guérir le prince, déjà administré, d’une pneumonie infectieuse. Et la reconnaissance toute particulière qu’en avait pour lui la princesse était cause qu’on avait rompu avec les usages et qu’on l’avait invité. Comme il ne connaissait absolument personne dans ces salons et ne pouvait y rôder indéfiniment seul, comme un ministre de la mort, m’ayant reconnu il s’était senti, pour la première fois de sa vie, une infinité de choses à me dire, ce qui lui permettrait de prendre une contenance, et c’était une des raisons pour lesquelles il s’était avancé vers moi. Il y en avait une autre. Il attachait beaucoup d’importance à ne jamais faire d’erreur de diagnostic. Or son courrier était si nombreux qu’il ne se rappelait pas toujours très bien, quand il n’avait vu qu’une fois un malade, si la maladie avait bien suivi le cours qu’il lui avait assigné. On n’a peut-être pas oublié qu’au moment de l’attaque de ma grand’mère, je l’avais conduite chez lui, le soir où il se faisait coudre tant de décorations. Depuis le temps écoulé, il ne se rappelait plus le faire-part qu’on lui avait envoyé à l’époque. « — Madame votre grand’mère est bien morte, n’est-ce pas ? dit-il d’une voix où une quasi certitude calmait une légère appréhension. Ah ! En effet ! Du reste dès la première minute où je l’ai vue, mon pronostic avait été tout à fait sombre, je me souviens très bien. »

C’est ainsi que le professeur E… apprit ou rap-