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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/107

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chant simple et pur, elle croyait respirer l’odeur des arbres en fleurs ; elle croyait entendre les ruisseaux murmurer et les génisses mugir dans les prairies. Une crainte vague se glissait aussi au milieu du plaisir qu’elle éprouvait toutes les fois que les violons jetaient dans l’accompagnement un trait plus vif ; il lui semblait alors que son rêve allait s’éloigner d’elle. Hélas ! il ne se brisa que trop violemment ! Cornelio, fort mécontent qu’on vint troubler son repos et celui de sa fille, ouvrit brusquement une lucarne, de laquelle il fit pleuvoir, sur les musiciens, un amas d’immondices qui s’entassaient depuis des années dons l’escalier de la tour.

« Au large, beaux sires ! leur dit-il ; allez donner l’aubade aux filles galantes de la rue des Cordiers, et laissez-en paix les honnêtes gens et les malades.

— La peste soit du vieux sorcier ! s’écria l’un des concertants, en tirant un paquet de cheveux mouillés du pavillon de son cor, où ils venaient de tomber.

— Enfonçons sa porte et lançons-le dans la Brenta ! dit le hautbois pastoral, qui soupirait si tendrement un instant auparavant.

— Le vieux coquin se fie à ses bonnes barres de fer, répondit un des violons, qui avait les yeux pleins de cendres. Mais, la première fois qu’il traversera les rues de Padoue, nous le flamberons comme un sorcier qu’il est, devant l’église de Saint-Antoine.

— Canailles ! reprit Cornelio, dont on distinguait toujours la tête blanche à la lucarne, osez-vous bien faire un pareil vacarme à mes oreilles ?

— Ah ! tu crains le vacarme, s’écria l’un des compagnons. Eh bien ! mes amis, régalons-le d’un charivari pour l’aider à s’endormir. »

Et aussitôt ils commencèrent à faire entendre un bruit composé