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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/108

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de toutes les combinaisons les plus anti-musicales. Les hautbois ricanaient d’un ton nasillard comme des écoliers qui récitent un pensum ; la basse lançait des roulements d’archet à coups pressés, avec l’agrément d’un tambour qui bat le pas de charge. Les violons minaudaient en pizzicato, tandis que le cor plaquait sur tout cela des fortissimo en notes aiguës. Bref, l’ensemble en était si infernal, que le gardien de l’Observatoire ferma sa lucarne et s’enfuit au plus vite en se bouchant les oreilles.

Mais ce concert eut pour la malade des suites plus graves. L’horrible discordance des sons agit sur ses nerfs irrités par la maladie, et les attaqua d’autant plus dangereusement qu’elle s’était d’abord abandonnée avec joie à l’impression musicale. Quand son père vint vers elle, il la trouva toute tremblante, dans une excitation nerveuse portée au plus haut degré. Son regard effaré trahissait un profond effroi.

« Défendez-moi, criait-elle en paroles entrecoupées. Dieu ! s’ils entrent ici, je suis perdue. Je l’ai vu, il était avec eux !

— De qui veux-tu parler ? lui demanda Cornelio, à qui elle serrait violemment la main.

— Les démons ! les démons ! je les ai vus. Leurs ailes grinçaient contre les vitres… J’aime encore mieux le poison ! Il était avec eux, c’est lui qui les amenait.

— Ils sont partis, lui dit le vieillard, qui se prêtait à ses idées pour la calmer.

— Partis ? oh ! non. Ils sont toujours autour de moi. Ils guettent l’instant de mon sommeil pour me saisir ; mais je ne m’endormirai pas. »

Quand cette crise fut terminée, la Zoccolina tomba dans un abattement qui ne laissa plus d’espérance au malheureux Cornelio. Elle prononça désormais peu de paroles et ne se plaignait