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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/17

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Satan n’en put pas sortir, et vit sa proie lui échapper.

Mais hélas ! la gloire ancienne de sa famille n’était que le plus immatériel des souvenirs pour l’humble gardien de l’Observatoire, avec lequel il est temps que nous fassions enfin connaissance.

Le soir du jour où la Zoccolina avait été l’objet de tant d’applaudissements de la part de la population de Padoue, le vieux Cornelio travaillait seul au-dessus de sa tour solitaire ; c’était un vieillard maigre et courbé, une face pâle, où l’on aurait cru que le sang ne circulait pas. Au fond d’un orbite, échauffé par les veilles, s’ouvrait son œil gris qui dirigeait un regard habituellement inerte par-dessus ses lunettes, placées à l’extrémité inférieure de son nez. Ses tempes creusées étaient enveloppées d’un bonnet de fourrure, de dessous lequel s’échappaient quelques rares cheveux blancs. Si vous avez vu l’alchimiste de Teniers, c’était lui, mais plus maigre et plus caduc. Il avait pour habillement un vieux gilet de bougran noir, vingt fois rapiécé, avec une culotte courte, percée aux genoux et encore dans un autre endroit que feront deviner ses habitudes sédentaires ; le tout recouvert d’une ancienne robe-de-chambre à larges fleurs jaunes, qu’il ne quittait que pour sortir, c’est-à-dire bien rarement.

Les longues mains fluettes de ce personnage étaient occupées à je ne sais quelle opération suspecte sur de petits morceaux de métal. Un réchaud de charbon allumé, posé à quelques pas sur le fourneau, semblait préparé pour quelque manipulation chimique ; mais, quant à présent, le vieillard était occupé tout entier à un travail de lime et de poinçon, devant une petite table, éclairée par une lampe, dont le chapiteau rabattait la lumière. Il y avait déjà longtemps qu’il travaillait en silence, quand il entendit un pas léger monter l’escalier de la tour et s’arrêter à sa porte, où trois coups furent frappés distinctement.

En un clin d’œil, il jeta ses outils dans un tiroir, qu’il repoussa,