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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/18

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en faisant tomber par-devant un vieux tapis, qu’il avait retroussé pour travailler à nu sur la table ; puis il se leva, en soupirant avec bruit, comme un homme que le moindre mouvement exténue, et il s’achemina vers la porte.

« Qui est là ? demanda-t-il.

— Un étranger qui vient vers vous en ami, » répondit une voix d’homme en dehors.

Le vieillard ouvrit une petite lucarne grillée, au moyen de laquelle il pouvait reconnaître ce qui se passait dans l’escalier. Examinant, à l’aide de sa lampe qu’il approcha de l’ouverture, la personne qui lui rendait visite à cette heure tardive, il ne trouva probablement rien en elle qui dût lui inspirer de l’inquiétude, car il se décida, en s’excusant des précautions que son isolement le forçait de prendre, à tirer les deux verrous dont sa porte était armée.

La personne qui entra était couverte d’un domino noir, qui cachait son costume et ses traits.

Sans paraître surpris de cette circonstance à laquelle il était peut-être habitué, Cornelio referma sa porte et offrit à son visiteur un vieux siège boiteux, à quelque distance de son propre fauteuil.

« Quel motif vous amène auprès de moi ? lui dit-il.

— Je suis malade, répondit l’inconnu ; je viens chercher du soulagement à mes maux.

— Hélas ! reprit le vieillard, quoique je ne prétende pas au nom de savant, il est vrai que j’ai quelques recettes assez bienfaisantes pour le mal caduc, la danse de Saint-Gui, le feu Saint- Antoine…

— Il y a deux sortes de maux, interrompit l’étranger, ceux du corps et ceux de l’âme. Les premiers ne sont pas les plus terribles.

— Je m’attendais à cette réponse, continua le vieillard. Votre voix trahit un grand trouble intérieur. Mais l’œil est le vrai miroir de l’âme, dont la voix n’est que l’écho souvent