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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/21

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que je ne connais pas, qui est peut-être à cent lieues de moi ? La médecine a-t-elle ce pouvoir ?

— Non pas la médecine, dit l’étranger, mais la magie.

— La magie ! reprit Cornelio en baissant la voix. Voulez- vous donc me faire lapider, grands dieux ! me suis-je jamais occupé de pareilles choses ?

— Ne joue pas la surprise, vieillard. Tout ce que je vois autour de moi trahit quelles sont tes occupations favorites, et ce brasier, qui brûle sur ton fourneau, témoigne qu’à l’instant où j’ai frappé à ta porte, tu te livrais à quelque pratique de ton art.

— Si vieux que je sois, balbutia Cornelio, en jetant un regard de biais sur son fourneau, ne faut-il pas que je prépare le peu d’aliments qui soutiennent ce corps débile ?

— N’aies pas recours au mensonge, » dit l’étranger, en lui tendant une bourse à travers les mailles de laquelle l’or jetait son éclat séducteur.

Cornelio résista à cette épreuve.

« Je suis un pauvre diable, dit-il, qui n’ai jamais vu tant d’or. Mais que demande de moi votre seigneurie ? Personne ne croit plus à la sorcellerie aujourd’hui, excepté les vieilles femmes et les enfants en bas âge ; personne n’a plus foi dans les sciences occultes, dont une philosophie plus saine a prouvé l’absurdité.

— Je sais ce que je dois croire, reprit l’inconnu ; je ne prends pas mes opinions toutes faites dans la besace des régents de collège.

— Vous devez savoir, poursuivit le gardien de la tour, que les forces de la nature étant mieux connues, que le flambeau de la science ayant dissipé les préjugés anciens…

— Trêve de paroles vides ! Je sais que j’ai devant moi le dernier chef de cette mystérieuse école de Padoue, qui conserve le dépôt des sciences occultes depuis les temps les plus reculés.