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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/29

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pendant que le mot fatal est dans le taudis des devins et des exorcistes !

— N’est-ce pas pour cela que vous êtes venu ici ? demanda Cornelio.

— C’est vrai ; j’ai tort de m’en plaindre. Mais vous ne m’avez pas encore dit par quel moyen vous parveniez à saisir les émanations légères des corps et à les soumettre à l’action de votre volonté.

— C’est le secret de la science. Mais je puis vous dire que cela s’opère par le ministère des génies.

— Il faut donc croire aussi aux génies, dit l’étranger.

— Eh ! pourquoi n’y croirions-nous pas ? répondit le vieillard. Tout s’exécute dans la nature par leur coopération intelligente. Et c’est ici que nous devons nous incliner devant les progrès de la science humaine, poursuivit-il avec une expression d’ironie méprisante. Quand nous voyons la sève circuler dans les rameaux, l’œuf éclore sous l’aile de sa mère, le brouillard monter dans les vallées ; quand nous suivons d’un œil effrayé les astres éternels qui tourbillonnent dans l’espace ; si nous expliquons ces phénomènes divers par l’action des génies, vos savants à capacité haussent avec dédain leurs épaules philosophiques. Mais demandez-leur ce qu’ils ont mis à la place, ils vous répondront que tout marche et s’accomplit par les forces de 1a nature. Ô grands hommes ! si votre barbe pousse, c’est par une force vitale, et vous vous reposez dans votre quiétude ineffable ! Pour nous, qui n’avons pas inventé cette explication sublime, nous croyons encore aux génies. Ce sont eux qui portent le tonnerre sur leurs ailes de feu, ce sont eux qui entrouvrent le calice radié des fleurs, ce sont eux qui peignent sur les nuages l’arc-en-ciel aux couleurs irisées. Ces ministres infatigables obéissent, eux aussi, aux sympathies et aux répulsions. De même que l’alouette vient planer sur le miroir de l’oiseleur, le génie turbulent des orages abat son vol sur la pointe métallique que nous savons lui présenter.