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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/36

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cheveux appartiennent. Qu’elle soit loin ou près, qu’elle dorme ou qu’elle veille, qu’elle commette le péché ou qu’elle repose dans l’innocence du cœur, je t’ordonne de l’amener ici et de la rendre visible à nos yeux. »

Jetant alors la mèche de cheveux dans le puits, il ajouta, en s’adressant à son compagnon :

« Veuillez regarder dans le puits pour voir si cette femme est bien celle dont vous entendez parler.

— Je ne vois rien, répondit le jeune homme au domino noir.

— Regardez longtemps et fixement, et vous finirez par voir quelque chose, » reprit Cornelio sans même y regarder, comme un homme qui est sûr de son affaire.

L’étranger se courba sur la margelle et attacha les yeux sur l’eau, comme pour en surveiller les moindres rides. Il lui sembla que l’intérieur de la citerne était éclairé plus fortement qu’il ne l’eût été par la seule réverbération des rayons lunaires ; bientôt il crut voir l’eau s’agiter, et une légère vapeur s’en élever et courir à sa surface, comme sur le vase que nous approchons du feu, quand le liquide qu’il contient commence à tiédir.

« Ne voyez-vous toujours rien ? demanda Cornelio.

— Je vois une fumée blanche qui s’élève dans la citerne.

— Et ne voyez-vous rien se peindre à la surface de l’eau ?

— L’eau est entièrement cachée par la fumée.

— Regardez-bien, reprit Cornelio, car voilà minuit qui sonne. »

En effet, la cloche de l’université frappait lentement douze heures au centre de la ville.

En ce moment, la vapeur qui remplissait la citerne s’écarta de manière à laisser apercevoir le fond du puits. L’étranger crut distinguer sur l’eau de ces couleurs changeantes et prismatismales qu’on voit errer sur les bulles de savon ; il lui