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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/37

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sembla que ces teintes brillantes s’arrangèrent rapidement comme pour former les traits d’un visage.

« Je l’ai vue, dit-il, c’est bien elle ; vos ministres vous ont obéi fidèlement.

— En êtes-vous sûr ? » dit Cornelio, en avançant lui-même la tête ; mais il était trop tard, tout avait disparu.

« Continuez sans crainte, poursuivit le jeune homme ; quand je verrais sa taille ou son pied seulement entre mille autres, je la reconnaîtrais aussi sûrement que le laboureur sait découvrir l’épi gâté dans son champ.

— Terminons donc sans retard, » répondit le vieillard, en prenant encore, dans sa boîte à compartiments, un peu de poussière qu’il jeta dans la citerne.

Il ne tarda pas à s’en élever une épaisse fumée blanche, qui remplit toute la capacité du puits et sortit même bientôt pour se répandre au-dehors. Cornelio prit un petit globe de cristal et l’étendit au-dessus de la vapeur, dont les tourbillons montaient avec une telle densité que, pendant quelques instants, il disparut complètement aux yeux de son compagnon, qui l’entendait seulement chanter, d’une voix creuse et monotone, les vers suivants en italien :

 
Monte, fumée du puits de l’abîme !
Cache-nous aux yeux éternels, ouverts là-haut sur nous !
Répands-toi entre les enfants des hommes,
Qui sont vains, obstinés et ignorants ;
La ciguë amère est l’arme de leur jalousie depuis Socrate.
Monte, fumée du puits de l’abîme !
Couve dans ton sein fécond
L’œuf de l’avenir qui doit éclore,
Caché à tous les yeux.
L’épée d’Orion est tirée :
L’ourse allaite ses oursons.
Abhorret natura vacuo.
Le charme est opéré.


En ce moment, la fumée commençait à monter hors du