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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/8

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une face blême dont le costume ressemblait à celui de trois ou quatre ordres religieux, sans être précisément celui d’aucun. Je veux vous faire ma confession générale, mes chers frères. J’ai aspiré l’autre jour, un vendredi, avec trop de complaisance, la fumée d’une poularde qui rôtissait dans la cuisine de l’évêque. Je suis un grand misérable.

— Povero frate, disait une voix.

— L’évêque ne t’a-t-il pas interdit ? demandait l’autre.

Misericordia, Domine, continuait le faux moine en levant les yeux au ciel. J’ai eu un instant la velléité de m’approprier le bien d’autrui !

— Quand cela ? lui cria la foule.

— Quand le père abbé me chargea de porter au président de la cour ce sac d’écus qui nous fit gagner notre procès.

— Bravo, frate ! » crièrent les assistants en riant de toutes leurs forces.

Un gros médecin tout rond, qui portait une énorme canne à pomme d’or, prit alors la parole.

« Tout ce que vous écoutez-là, dit-il, ne vaut guère mieux que du poivre sur un sorbet. Je veux vous apprendre à faire l’élixir de longue vie qui se fabrique avec trois choses, du sel, un œuf et du lait ; mais il faut du sel attique, un œuf de phénix et du lait de la voie lactée. Avec cela, vous vivrez aussi vieux que Melchisedeh, qui, à l’âge de sept cents ans, lisait sans lunettes.

— Qui parle de lunettes ? » cria une voix qui semblait venir d’en haut.

Et en effet, c’était celle d’un licencié en costume d’astrologue, qui, sans respect pour la statue du Podesta Bonfidio, s’était assis à califourchon sur ses épaules, d’où il lui avait fait une espèce de trompe d’éléphant en lui ajustant une énorme lunette de carton au bout du nez. « Je démontre la fausseté de tes paroles par les principes de l’astronomie, continuait le masque aérien. L’astronomie est une science