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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/90

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— Je le veux bien sérieusement, lui répondis-je. C’est une preuve d’attachement sur laquelle je compte ; autrement je croirais que vous avez peu d’affection pour moi.

Il ne me répondit rien ; mais au bout d’un mois, il m’apprit que son palais de Florence était vendu, et qu’il m’avait acheté à Venise le palais Vendramin de la Ca Grande.

Me croyant bien sûre de son amour, je ne fis plus d’obstacle à notre union qui eut lieu secrètement, mais avec la promesse de la rendre publique quand je le désirerais. »

Ici la jeune femme jeta un regard inquiet autour d’elle, comme si elle éprouvait un malaise extraordinaire.

« Oh ! mon Dieu ! dit-elle, j’étouffe, » et elle tomba dans les bras de son père qui la porta évanouie sur le lit dont l’appartement se trouvait heureusement pourvu. Quand les sels que lui fit respirer Cornelio lui eurent rendu la connaissance, elle continua encore pendant longtemps d’être agitée d’un tremblement nerveux.

« Mon père, dit-elle d’une voix faible, je ne veux plus vous quitter. Je resterai près de vous la nuit ; j’aurais trop peur, si j’étais seule.

— Oui, mon enfant, répondit-il en lui réchauffant avec ses mains les pieds qu’elle avait glacés. Tu coucheras ici, comme tu faisais quand tu étais petite.

— Je suis bien lasse, ajouta-t-elle ; il me semble que je dormirais ; il y a si longtemps que je n’ai pu dormir !

— Eh bien ! dors, mon Esther, dit le vieillard ; je reviendrai dans une heure, quand tu seras plus tranquille. »