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Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/97

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par le bras ; la lueur de la veilleuse éclairait son large front pâle, couvert de gouttes de sueur.

— Malheureuse, me dit-il d’une voix concentrée, tu essaies en vain de faire taire cette pierre qui t’accuse. Je sais tout.

En disant ces mots, il me secouait avec violence ; le regard atroce qu’il me jetait, le grincement de dents dont il accompagnait ses paroles, me persuadèrent qu’il voulait m’étrangler comme Othello.

— Grâce ! m’écriai-je ; grâce ! ne me tuez pas.

— Avoue ta faute, reprit-il en approchant de mes yeux sa bague qu’il avait saisie ; confesse en présence de ce témoin que tu m’as trompé.

— Non, Octavio ; non, répondis-je. Si quelqu’un vous a trompé, ce sont ceux qui m’ont accusée auprès de vous. Je crains que vous n’ayez vu des lettres que, par prudence, je ne vous aurais pas montrées ; mais ces lettres ne sont pas de moi, pensez-y bien : elles sont restées sans réponse. Ne me regardez pas ainsi, Octavio. Je jure que je suis innocente.

— Si belle et si fausse ! murmura le comte en attachant sur moi son regard brûlant que je sentais entrer jusqu’au fond de mon cœur.

— Je jure que je suis innocente, continuai-je. Je n’ai pas sitôt oublié ce que vous avez fait pour moi ; le ciel m’est témoin que je vous aime toujours.

— Tu m’aimes toujours, reprit Octavio. Eh bien ! je vais te dire le moyen de me le prouver. Le bonheur n’est nulle part ici-bas. J’ai dans cette bague un poison subtil qui tue promptement et sans douleur. Partageons-le ; délivrons-nous de l’existence ; mourons ensemble cette nuit même.

Cette proposition étrange me surprit, comme vous pouvez le croire, poursuivit la Zoccolina. J’avais peur, en la repoussant tout d’abord, de renouveler la colère du comte, de le pousser à quelque extrémité violente contre moi. Aussi, en lui faisant remarquer combien était grave un pareil acte, je