Aller au contenu

Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui, reprit Cornelio, tout cela est maintenant clair comme le jour. Plût à Dieu que je fusse aussi sûr de trouver le remède que je suis certain de connaître le mal !

— Il me semble que je suis déjà mieux, mon père, depuis que je vous ai révélé mon secret.

— L’âme humaine est ainsi faite, mon enfant, qu’elle se soulage en communiquant sa peine ; et c’est pourquoi la confession, ce sacrement bienfaisant de la religion catholique, est d’un si grand secours, surtout aux âmes faibles, qui ne se sentent jamais plus légères et plus tranquilles qu’après avoir déposé au tribunal de la pénitence l’aveu de leurs fautes. Voici la nuit qui déjà est avancée. Le repos du corps est le premier pas pour arriver au repos de l’esprit. Il importe que tu dormes, ma fille, comme semble t’y inviter cette lune blanche et silencieuse qui regarde dans ta chambre.

— Je le voudrais, ô mon père, mais je ne sais si mes yeux voudront se fermer.

— Bois ceci, lui dit-il en lui tendant un verre d’eau où il venait de délayer une pincée de poudre qu’il avait prise dans sa boîte à compartiments. »

La malade but le verre d’eau qu’elle rendit ensuite à son père ; puis elle se recoucha et s’arrangea, comme pour dormir.

— De votre main, rien ne m’effraie, mon bon père, reprit-elle. Si c’eût été Octavio qui m’eût présenté ce breuvage, j’aurais cru être empoisonnée, ou plutôt je ne l’aurais pas bu, surtout s’il m’avait jeté en même temps ce regard… Oh ! il me semble encore le voir.

— Ne pense pas à cela, ma bonne, dit le vieillard.

— Je me suis souvent demandé, mon père, comment il pouvait se faire que des yeux pussent briller la nuit.

— Éloigne ces idées qui t’agitent, mon enfant.

— Et quel signe est-ce que d’avoir toujours les mains froides.

— Si tu parles toujours, tu ne l’endormiras jamais, dit Cornelio