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LES MILLE ET UNE NUITS,

me j’avois encore mille sequins par-dessus mon fonds, je les lui donnai. Il releva boutique, et continua d’exercer sa profession.

» Un jour mes deux frères vinrent me trouver pour me proposer de faire un voyage, et d’aller trafiquer avec eux. Je rejetai d’abord leur proposition. « Vous avez voyagé, leur dis-je, qu’y avez-vous gagné ? Qui m’assurera que je serai plus heureux que vous ? » En vain ils me représentèrent là-dessus tout ce qui leur sembla devoir m’éblouir et m’encourager à tenter la fortune ; je refusai d’entrer dans leur dessein. Mais ils revinrent tant de fois à la charge, qu’après avoir, pendant cinq ans, résisté constamment à leurs sollicitations, je m’y rendis enfin. Mais quand il fallut faire les préparatifs du voyage, et qu’il fut question d’acheter les marchandises dont nous avions besoin, il se trouva qu’ils avoient tout mangé, et qu’il ne leur restoit rien des milles sequins que je leur avois donnés à chacun. Je ne leur en fis