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LES MILLE ET UNE NUITS,

vé l’occasion de vous en marquer ma reconnoissance. Mais je suis irritée contre vos frères, et je ne serai pas satisfaite que je ne leur aie ôté la vie. »

» J’écoutai avec admiration le discours de la fée ; je la remerciai le mieux qu’il me fut possible de la grande obligation que je lui avois. « Mais, Madame, lui dis-je, pour ce qui est de mes frères, je vous supplie de leur pardonner. Quelque sujet que j’aie de me plaindre d’eux, je ne suis pas assez cruel pour vouloir leur perte.» Je lui racontai ce que j’avois fait pour l’un et l’autre ; et mon récit augmentant son indignation contr’eux : « Il faut, s’écria-t-elle, que je vole tout-à-l’heure après ces traîtres et ces ingrats, et que j’en tire une prompte vengeance. Je vais submerger leur vaisseau, et les précipiter dans le fond de la mer. » « Non, ma belle dame, repris-je, au nom de Dieu, n’en faites rien, modérez votre courroux ; songez que ce sont mes frères, et qu’il faut faire le bien pour le mal. »