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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/232

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LES MILLE ET UNE NUITS,

se relevant sans cesser de rire : « On le dit bien, et avec raison, s’écria-t-il encore, qu’on ne meurt pas sans cause. Si jamais histoire a mérité d’être écrite en lettres d’or, c’est celle de ce bossu.»

« À ces paroles, tout le monde regarda le barbier comme un bouffon, ou comme un vieillard qui avoit l’esprit égaré. « Homme silencieux, lui dit le sultan, parlez-moi : qu’avez-vous donc à rire si fort ? » « Sire, répondit le barbier, je jure par l’humeur bienfaisante de votre Majesté, que ce bossu n’est pas mort ; il est encore en vie ; et je veux passer pour un extravagant, si je ne vous le fais voir à l’heure même. » En achevant ces mots, il prit une boîte où il y avoit plusieurs remèdes, qu’il portoit sur lui pour s’en servir dans l’occasion, et il en tira une petite fiole balsamique dont il frotta long-temps le cou du bossu. Ensuite il prit dans son étui un ferrement fort propre qu’il lui mit entre les dents ; et après lui avoir ouvert la