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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/233

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CONTES ARABES.

bouche, il lui enfonça dans le gosier de petites pincettes, avec quoi il tira le morceau de poisson et l’arrête qu’il fît voir à tout le monde. Aussitôt le bossu éternua, étendit les bras et les pieds, ouvrit les yeux, et donna plusieurs autres signes de vie.

» Le sultan de Casgar et tous ceux qui furent témoins d’une si belle opération, furent moins surpris de voir revivre le bossu, après avoir passé une nuit entière et la plus grande partie du jour sans donner aucun signe de vie, que du mérite et de la capacité du barbier, qu’on commença, malgré ses défauts, à regarder comme un grand personnage. Le sultan, ravi de joie et d’admiration, ordonna que l’histoire du bossu fût mise par écrit avec celle du barbier, afin que la mémoire, qui méritoit si bien d’être conservée, ne s’en éteignit jamais. Il n’en demeura pas là : pour que le tailleur, le médecin juif, le pourvoyeur et le marchand chrétien, ne se ressouvinssent qu’avec plaisir de l’aventure que l’accident du