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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/272

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LES MILLE ET UNE NUITS,

chantoit, qu’il ne savoit si c’étoit le vin qu’elle lui avoit présenté qu’il alloit boire, ou ses propres larmes. Schemselnihar présenta enfin la troisième tasse à Ebn Thaher, qui la remercia de sa bonté, et de l’honneur qu’elle lui faisoit.

Après cela, elle prit un luth des mains d’une de ses femmes et l’accompagna de sa voix d’une manière si passionnée, qu’il sembloit qu’elle ne se possédoit pas ; et le prince de Perse, les yeux attachés sur elle, demeura immobile comme s’il eût été enchanté. Sur ces entrefaites l’esclave confidente arriva tout émue, et s’adressant à sa maîtresse : « Madame, lui dit-elle, Mesrour et deux autres officiers avec plusieurs eunuques qui les accompagnent, sont à la porte et demandent à vous parler de la part du calife. » Quand le prince de Perse et Ebn Thaher eurent entendu ces paroles, ils changèrent de couleur et commencèrent à trembler comme si leur perte eût été assurée. Mais Schemselnihar qui s’en aper-