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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/420

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LES MILLE ET UNE NUITS,

pas que Dieu dispose de nous comme il lui plaît… »

La dame ne donna pas le temps au joaillier d’en dire davantage. « Ah, s’écria-t-elle, vous m’annoncez la mort de mon fils ! » Elle poussa en même temps des cris effroyables, qui, mêlés avec ceux des femmes, renouvelèrent les larmes du joaillier. Elle se tourmenta et s’affligea long-temps avant qu’elle lui laissât reprendre ce qu’il avoit à lui dire. Elle interrompit enfin ses pleurs et ses gémissemens, et elle le pria de continuer et de ne lui rien cacher des circonstances d’une séparation si triste. Il la satisfit ; et quand il eut achevé, elle lui demanda si le prince son fils, dans les derniers momens de sa vie, ne l’avoit pas chargé de quelque chose de particulier à lui dire. Il lui assura qu’il n’avoit pas eu un plus grand regret que de mourir éloigné d’elle, et que la seule chose qu’il avoit souhaitée, étoit qu’elle voulût bien prendre le soin de faire transporter son corps à Bagdad. Dès le lendemain, de