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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/421

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CONTES ARABES.

grand matin, elle se mit en chemin accompagnée de ses femmes et de la plus grande partie de ses esclaves.

Quand le joaillier qui avoit été retenu par la mère du prince de Perse, eut vu partir cette dame, il retourna chez lui tout triste et les jeux baissés, avec un grand regret de la mort d’un prince si accompli et si aimable, à la fleur de son âge.

Comme il marchoit recueilli en lui-même, une femme se présenta et s’arrêta devant lui. Il leva les yeux, et vit que c’étoit la confidente de Schemselnihar, qui étoit habillée de deuil et pleuroit. Il renouvela ses pleurs à cette vue sans ouvrir la bouche pour lui parler, et il continua de marcher jusque chez lui, où la confidente le suivit et entra avec lui.

Ils s’assirent ; et le joaillier en prenant la parole le premier, demanda à la confidente avec un grand soupir, si elle avoit déjà appris la mort du prince de Perse, et si c’étoit lui qu’elle pleuroit. « Hélas non, s’écria-t-elle ! Quoi, ce prince si charmant est