Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/162

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Ton cœur est pris, et cette image
Longtemps troublera ton sommeil ;
Longtemps tu seras à la nage
Dans ton lit humide au réveil…

À la légion vagabonde
Des insectes, ses jeunes sœurs,
L’enfant alla mêler sa ronde…
Il la suivit, et, sur les fleurs,
À leurs gais ébats, à leur danse,
Il prit part. Faute d’instrument,
Sa voix les guidait en cadence
Sur un air venu d’Occident.
Puis, quand arrivait la nuit sombre
Et que les danseurs étaient las,
Près d’elle il s’asseyait dans l’ombre
Et lui parlait d’amour tout bas.

La pauvre enfant prêtait l’oreille
À ses discours charmants et doux,
Et, plus que la rose vermeille,
Murmurait tout bas : « Cher époux ! »
Mais lui, qui, jadis, intrépide,
Débutait par où l’on finit,
Devenu craintif et timide,
Près d’elle se sent interdit…

Mais, hélas ! tout est éphémère !
La douleur du rire est la sœur !
Bientôt, comme une ombre légère,
S’évanouit tout leur bonheur.


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