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les bastonnais

furent comme un rayon du paradis. Le vieillard mit l’enfant sur sa poitrine, croisa sur lui les deux bras et sortit rapidement de dessous les chutes. De ce moment, la petite Blanche ne le quitta plus.

Tel était le récit recueilli des lèvres de Batoche lui-même et que l’on raconte encore comme une des traditions de Montmorency. L’ermite affirma tou­jours que la mort de sa fille avait été causée par deux soldats de la cava­lerie anglaise rendus furieux par l’ivresse. Cela ne fut jamais prouvé, mais il était impossible de vouloir dissuader le vieillard de la vérité de cette accusation. De là, sa haine invétérée, opi­niâtre contre les Anglais, qui, jointe à l’aversion qu’il res­sen­tait à leur égard, comme soldat fran­çais, le rendit leur ennemi le plus implacable durant la guerre de 1775-76. De là aussi, l’excentricité de son caractère et sa manière de vivre que nous avons décrite dans les chapitres précédents.

XII
conseil et avertissement.

Le cri de ralliement de la troupe de paysans mécontents était le hurlement du loup. Ce signal fut adopté par haine du nom même de Wolfe, le conquérant de Québec. « Loup » était la désignation appliquée par eux à tout résident anglais et plus spécialement au