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les bastonnais

La flotte ne tarda pas à faire son apparition. À six heures, le matin du 6 mai, on aperçut une frégate doublant la pointe Lévis. Toute l’armée américaine assista à son entrée triomphale. Les remparts de la ville étaient couverts de spectateurs empressés à jouir de ce spectacle si consolant. Les tambours battaient aux champs, les cloches sonnaient à toute volée et de la foule s’élevait une immense clameur que l’écho alla porter des plaines d’Abraham à travers le fleuve, jusqu’à l’île d’Orléans. C’était, pour les assiégés, une acclamation de la délivrance ; pour les assiégeants, le glas de la défaite finale. La frégate était bien nommée La Surprise. Elle portait à son bord deux compagnies du 29e régiment avec un certain nombre de soldats de marine, le tout s’élevant à deux cents hommes, qui furent débarqués immédiatement.

Elle fut bientôt suivie par d’autres vaisseaux de guerre amenant des renforts plus importants encore.

À midi de ce jour mémorable, la garnison appuyée par les soldats nouvellement arrivés se forma en différents corps, sortit des portes et s’avança lentement jusqu’au champ de bataille de Sainte-Foye où le chevalier de Lévis avait remporté sa brillante mais inutile victoire sur Murray, le 28 avril 1760. Carleton, maintenant qu’il était appuyé par des renforts du côté de la mer, secoua son inaction et décida de livrer bataille aux Continentaux. Mais à part quelques arrière postes qui firent feu en se repliant, l’ennemi avait complètement disparu. Il avait commencé une retraite précipitée, abandonnant toutes ses provisions, son artillerie, ses munitions et ses bagages. La grande campagne se terminait ainsi en une défaite désastreuse.

Les Américains ayant reçu de légers renforts à Sorel essayèrent quelque résistance, mais les troupes anglaises qui s’avançaient sous les ordres de Carleton et de Burgoyne, le commandant des