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les bastonnais

revint accompagné du curé de Valcartier, vénérable prêtre, dont le sourire, tandis qu’il saluait tous les membres du groupe et parcourait des yeux la chambre, était une vraie bénédiction. Son influence dut s’étendre même à la pauvre malade évanouie, car lorsqu’il s’approcha d’elle et l’aspergea de l’hysope en prononçant à voix basse une prière, elle ouvrit lentement les yeux et le regarda fixement pendant quelques instants ; puis tournant le regard vers les cierges allumés et le linge blanc, elle sourit et dit :

— C’est l’extrême-onction, Monsieur le curé, je vous remercie.

Le vieux prêtre avec cette parfaite connaissance du monde et du cœur humain que lui avait donnée sa longue carrière pastorale, s’approcha davantage et en quelques paroles sérieuses, expliqua toute la situation à la jeune fille, il se retira alors un peu à l’écart, révélant la présence de Cary. Les deux amants tombèrent dans les bras l’un de l’autre et restèrent ainsi cœur contre cœur pendant quelques instants. Pauline appela ensuite Zulma, qui était à genoux, au pied du lit et dans l’ombre. L’entrevue fut courte, mais passionnée. Finalement, un mot de Zulma eut un effet magique et tous trois se tournèrent vers les assistants, souriant à travers leurs larmes.