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les bastonnais

resta en arrière, et la dame fut bientôt hors de vue. Quand, enfin, il la rejoignit, elle attendait à la barrière devant la maison de son père, un manoir de belles dimensions, pour une colonie, situé au centre d’un bosquet d’érables.

Elle riait de tout son cœur, et jouissait de son triomphe.

Hardinge, saluant gracieusement, reconnut sa défaite.

— Que cela vous serve de leçon, dit-elle.

— De leçon, Mademoiselle ?

— Cela vous apprendra à faire la chasse aux rebelles.

— La jolie rebelle ! murmura Roderick, s’inclinant profondément et tout à fait incapable de dissimuler son admiration.

— Vous ne voulez pas me comprendre, dit-elle d’un ton moitié sérieux, moitié badin ; mais plus tard, peut-être, vous comprendrez. Je parle au lieutenant Hardinge, si je ne me trompe ?

— Lui-même, Mademoiselle, à votre service ; et n’aurais-je pas l’honneur de m’adresser à une personne de la famille Sarpy ? Ce manoir est celui du seigneur Sarpy, que j’ai l’avantage de connaître.

— Je suis sa fille. Tout récemment de retour de France où j’ai passé plusieurs années.

— Seriez-vous la Zulma dont j’ai entendu votre frère parler si souvent ?

— Elle-même.

Et cédant à sa gaîté expansive, elle éclata d’un rire argentin, semblant se rappeler quelque idée liée à ce nom. Elle invita Rode-