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les bastonnais

il réussit à débarrasser la rive sud de tous ses bateaux, sans exciter une attention extraordinaire dans la ville.

Il y revint lui-même avec le dernier chaland, environ vingt minutes après le coucher du soleil et juste au moment où le crépuscule s’étendait sur les eaux. En s’approchant du débarcadère, il remarqua une femme qui se promenait très lentement le long de la rive.

Il ne pouvait se tromper : c’était elle. Quelques vigoureux coups d’aviron ayant amené le bateau à destination, il sauta à terre et s’approcha.

Oui, c’était Pauline.

XV
l’entrevue des amoureux.

Prompts comme l’éclair sont les instincts de l’amour. Avant qu’un seul mot n’eût été prononcé, sans même pouvoir lire dans la pénombre l’expression des traits de la jeune fille, Roderick sentit dans son cœur un pressentiment de malheur. Mais domptant son inquiétude sous l’énergie de sa virilité, il entama bravement la conversation.

— Eh quoi ! Pauline, quelle agréable surprise ! Comment avez-vous appris mon retour ? J’aurais dû vous envoyer un mot ce matin, mais j’ai été si occupé, que cela m’a été impossible… Vous l’avez probablement appris par d’autres… Mais je suis si heureux