Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/55

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vous supposez que j’ai prise à la nomination du général Domingue, Eh bien, je ne suis ni assez égoïste, ni assez présomptueux pour me les attribuer exclusivement ; le pays tout entier,, y compris vous-, les partage avec moi ; car à l’exception du petit nombre des patriotes qui ont préféré aller à l’étranger attendre des temps meilleurs, quel est l’Haïtien qui n’ait salué, accepté, cette nomination ? Vous n’avez pas, il est vrai, suivi à l’étranger ces patriotes : vous aviez pour cela vos raisons ; mais vous n’avez d’aucune façon protesté, ni manifesté votre mécontentement, et si on l’avait voulu, vous eussiez continué à être le rédacteur en chef du Moniteur, jusqu’au jour où le peuple fatigué se serait débarrassé du Gouvernement qui le gênait. Du reste, vous n’auriez pas été le premier qui eût agi avec cette prudence les palinodies ne sont pas plus rares chez nous qu’ailleurs, et le cri de ive le roi ! vive la ligue ! poussé à propos, n’a jamais manqué de produire les mêmes effets avantageux, sous les latitudes les plus différentes. Je dis plus ; j’affirme que depuis 1843, les réformateurs haïtiens n’ont fait autre chose que de rendre à leur pays des services aussi appréciables que ceux auxquels vous faites allusion. Les patriotes qui ont renversé Boyer 5 qui ont nommé Rivière, Pierrot, Soulouque, Geffrard, Salnave et qui sait ? Nissage lui-même — vous êtes en trop beau chemin pour oublier celui-là — n’ont-ils pas autant que moi droit à votre reconnaissance ? Quelques notions de l’histoire de votre pays d’adoption n’auraient pas nui à la thèse que vous avez choisie. Demain peut-être, quelque confrère en journalisme vous félicitera d’a- voir aussi rendu au pays des services pareils , Patience ! En employant le vieux cliché ; « On nous demande