Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/129

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chemin, comme un manant prêt à assaillir de ses coups de bâton le chevalier armé de la veille, en quête de nobles aventures. Mais elles souffriraient moins peut-être d’avoir à lutter contre un si piètre adversaire, que de se voir réduites à recevoir des coups d’épingle qui simulent des coups de poignard, d’une Mode vénale, d’une Mode commerçante, d’une Mode industrielle, insolente courtisane qui prétend en remontrer à l’Olympe des grands salons du beau-monde ! Elle voudrait même, l’insensée, s’abreuver à la coupe de Hébé qui, rougissant à son approche, implore pour la foudroyer, tantôt l’aide de Vénus, tantôt celle de Minerve ! Vainement ! Ni la beauté suprême ne parvient à éclipser son fard de marchande d’orviétan, ni la sagesse armée de toutes pièces ne peut lui arracher sa marotte, dont elle se fait un sceptre de paille goudronnée ! En cette détresse, il ne reste à la déesse de l’immortalité d’autre ressource que de se détourner indignée de cette intruse de bas-étage. C’est-ce qui ne manque pas d’arriver ! L’on voit alors les cosmétiques s’écailler sur ses joues bouffies et vulgaires, les rides se montrer, et la vieille édentée chassée, avant d’avoir eu le temps d’être délaisée.

Chopin avait presque quotidiennement le spectacle, peu dramatique, parfois plaisant jusqu’à la bouffonnerie, des mésaventures de quelque protégé de cette Mode interlope, quoique de son temps l’effronterie des « entrepreneurs de réputations artistiques », des cornacs de bêtes plus ou moins curieuses, plus ou moins artificielles,