Page:Liszt - F. Chopin, 1879.djvu/150

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divertissemens d’une allure triviale, dans ses manières qui, ayant perdu toute distinction, ne laissent plus apercevoir aucune différence avec celle des « bons bourgeois de Paris ! » Il faudrait enfin que le patriciat, se relevant à sa juste hauteur, reprenne son droit inné de « donner le ton », pour imposer effectivement le « bon-ton » ; — le bon-ton dont la vraie caractéristique est d’inspirer le respect et l’estime de ceux qui pensent, réfléchissent, motivent leurs jugemens, en même temps qu’il impose sa mode à cet innombrable troupeau de moutons de Panurge que composent les ravissantes nullités de salons, disposant d’un auditoire exquis et de rentes héréditaires à bien employer.

Mais, en eût-il été pour Chopin autrement qu’il n’a effectivement été ; eût-il recueilli toute la part d’hommages et d’admirations exaltées qu’il méritait si bien, dans ces salons renommés où le bon-goût semble être seul appelé à régner, dans ce monde superlatif dont les indigènes se figurent bien être d’une autre pâte que le reste des mortels ; Chopin eût-il été entendu, comme tant d’autres, par toutes les nations et dans tous les climats ; eût-il obtenu ces triomphes éclatans qui créent un capitole partout où les populations saluent l’honneur et le génie ; eût-il été connu et reconnu par des milliers au lieu de ne l’être que par des centaines d’auditoires émus, nous ne nous arrêterions pourtant point à cette partie de sa carrière pour en énumérer les succès.