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s’y adaptent plus tard. Prétendre qu’elles sont nécessaires à l’intelligence de cette symphonie, serait imiter ceux dont Shakespeare dit, qu’ils veulent : « blanchir le lys, peindre la violette, dorer l’or… » et pour le moins ressembler à certains auteurs chinois, qui, afin de faire remarquer aux lecteurs les intentions de leur style, croient utile d’inscrire aux marges des livres : pensée profonde.... métaphore....allusion....etc., etc. chaque fois qu’il s’en rencontre dans leurs ouvrages. En Europe, écrivains et musiciens peuvent mieux augurer de la sagacité du public, de l’éloquence de leur art, et de la clarté de leur diction. Or, ce serait éprouver des scrupules analogues à ceux des lettrés du Céleste Empire, en se refusant de séparer parfois l’ouverture de Tannhäuser de son opéra, par crainte qu’elle ne reste incomprise ou sans intérêt. La chaleur de 6on coloris rend trop sensiblement les passions qui l’animent, pour laisser la moindre place à une inquiétude pareille.

Des figures rhythmiques et harmoniques distribuées entre les violes, les violons à l’aigu, (partagés en plusieurs pupitres), et les instrumens à vent, (pianissimo) accentués par de légers coups de cymbale, divisés en périodes saccadées et en groupes de notes montantes formant une spirale sténique, se perdant et se retrouvant en enlacements inextricables, se détachant sur un tissu presqu’ ininterrompu de trémolos