Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/145

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veoit l’ymaige de Nostre Dame qui tenoyt une cotte et une chemise et lui disoit : « Ceste cotte et ceste chemise te gardent de cheoir en ce puis. Tu as ordi ma maison et mocquée. » Et en ycelluy effroy elle s’esveilla et getta un grant souspir. Si eurent son seigneur et ses amis grant joye, et virent bien qu’elle n’estoit pas morte, et la dame se trouva vaine et lasse de la vision et paoureuse du feu et de la flambe du puis où elle estoit deue cheoir. Sy demanda un prestre, que on luy ala querre, un saint preudomme religieux qui estoit grant clerc, vestoit la haire et estoit moult de saincte vie. Si la confessa et elle luy dist toutes ses advisions et la grant paour que elle avoyt eue de cheoir ou puis, et aussy elle luy dist tous ses pechiez et ses jeunesses, et le saint homme lui desclara son avision et lui dit :

« Dame, vous estes moult tenue à Dieu et à sa doulce mère, qui ne vueillent mie la perdicion et la dampnation de vostre ame, ains vous desmonstrent vostre peril et vostre saulvement. Premièrement ilz vous ont fait demonstrer vostre père et vostre mère, dont vostre mère vous disoit : Belle fille, voy les mamelles où tu preiz ta nourreture ; ayme et honeure ton seigneur comme tu feiz cestes mamelles. Ma doulce amye, c’est à entendre que, puisque sainte eglise vous a donné seigneur, que vous le devez doubter et amer tout aussy comme vous amiez la mamelle de vostre mère et y prenez nourissement. Et aussy comme l’enfant laisse toutes choses pour la tette et la doulceur du lait, dont il prent croissement et nourreture, aussi doit toute bonne femme selon Dieu et selon sainte loy amer