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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/42

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règne des Césars païens qui mettaient toutes leurs volontés même les plus coupables, au nombre des ordres émanés du ciel, et que le successeur de Pierre, tout en étant souverain chez lui, n’a pas à se mêler des affaires temporelles des autres souverains, excepté le cas où la loi de Dieu ne serait pas respectée. Mais dans ce cas, comme l’enseigne si bien Boniface VII, le Pape intervient, non pas à raison du domaine qu’il a sur les États des Souverains temporels, mais à raison du péché, non ratione dominii sed peccati.

Vous aviez, savantissime M. Dessaulles, les paroles si claires de Saint Gélase traduites en bon français ; comment se fait-il donc que vous n’ayez pu en saisir le sens ? Ah ! c’est que toujours en croupe sur une cavale indisciplinée, vous êtes trop violemment remué et que la tête vous tourne. Croyez-moi, je vous prie ; pour recouvrer le bon sens et la claire vue de l’esprit, il faut que vous laissiez là cette vilaine monture.

X.


Saint Bernard aussi cité contre le pouvoir temporel du Pape.


Caracolant toujours de la même triste façon à travers des textes dont vous n’avez aucune intelligence, vous croyez voir le grand Saint Bernard la main levée contre le pouvoir temporel du Pape, et le maudissant avec indignation. Pauvre M. Dessaulles ! Vous allez encore éprouver une déconvenue et obligé de vous mordre les lèvres de dépit. J’allais dire babines, tant vous paraissez avoir horreur de parler bon sens et vérité.

Je me permettrai de vous dire que, à propos de saint Bernard, vous avez là une de ces berlues fréquentes chez ceux que travaille le mal de l’impiété. Il n’est pas difficile de s’en convaincre ; écoutez ce qui suit.

« On a voulu, de nos jours, disent tous les meilleurs historiens, présenter saint Bernard comme hostile au pouvoir temporel des Papes, parce qu’il regrette la ferveur de la primitive Église et le détachement des biens de ce monde que montraient les chrétiens,