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Page:Lussault - Les Deux jumeaux.djvu/13

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LES DEUX JUMEAUX.

confondirent un, instant leurs baisers et leurs larmes.

Après cette première étreinte, deux voix se firent entendre en s’écriant : « Et Charlot ?… »

C’était celle de la jeune mère et celle d’une vieille femme émue aussi de cette scène.

« Rien, encore rien, répondit l’invalide.

— Mais pourtant il tient de beaux livres, répliqua la vieille femme.

— Oui, mais ils sont à Pierre, reprit l’invalide : le bon garçon les a donnés à porter à son frère, afin que, devant les voisins, celui-ci ne rentrât pas au logis les mains vides.

— Quoi ! Charlot, rien, encore rien ! » Et les pleurs de joie de la jeune mère se changèrent en larmes de tristesse.

« Dame ! si l’on ne m’aime pas, moi !… reprit le mauvais écolier.

— En effet, ajouta la vieille femme, si l’on a des préférences à sa classe, le pauvre enfant n’en est pas cause.

— Tu as tort de le défendre, Babet, reprit l’invalide : Charlot est du même âge que son frère, puisqu’ils sont jumeaux ; pourquoi n’apprend-il pas de même ? Et s’il le faisait, pourquoi ne serait-il pas récompensé comme lui ?

— Est-ce ma faute, à moi, si je n’ai pas de