Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/72

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la remercia du milieu de son cœur, puis, il se dirigea vers le lieu du rendez-vous, non sans trembler un peu, vous le pensez bien, malgré le petit livre et les conseils de sa marraine. Quand il y arriva, il vit un seigneur, d’un aspect étrange, qui vint à lui et lui dit : — Ah ! te voilà ! tu as bien fait d’être exact au rendez-vous, car s’il m’avait fallu aller te chercher, tu aurais eu à t’en repentir ; monte sur ce cheval.

— Excusez-moi, monseigneur, mais je ne monte jamais à cheval.

— Tu ne peux pas me suivre à pied, car nous allons loin d’ici ; il faut que tu montes sur ce cheval, il ne te fera pas de mal.

— Je ne monterai pas sur votre cheval, je ne marcherai pas non plus, et si vous voulez m’emmener, il faudra me porter sur votre dos.

— Allons ! monte sur mon dos, alors, et partons.

Et il monta sur le dos du Diable ; et celui-ci s’enfonça dans la terre jusqu’aux genoux ; et il lança Pipi en l’air, en disant :

— Qu’as-tu donc sur toi, pour être si lourd ?

— Je n’ai rien sur moi, vous le voyez bien.

— Viens encore, pour voir.

Et Pipi remonta. Le Diable s’enfonça dans la terre jusqu’à la ceinture, et il rejeta son fardeau en disant :

— Je n’ai jamais rien vu d’aussi lourd ! il faut que tu aies sur toi quelque relique de saint ?

— Non, je vous assure, je n’ai rien de semblable.

— Remonte, alors, car il faut en finir.

Pipi remonta, et, cette fois, le Diable s’enfonça dans la terre jusqu’au cou. Il poussa un cri épouvan-