Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/362

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Alors, elle se fit faire une paire de chaussures de fer, et une paire de chaussures d’acier, s’habilla en simple paysanne, prit un bâton à la main et se mit en route.

Elle marcha, marcha, nuit et jour ; elle alla loin, bien loin, plus loin encore... Partout elle demandait des nouvelles de la montagne de Cristal, située par delà la mer Bleue et la mer Rouge, et personne ne pouvait lui en donner.

Voilà sa paire de chaussures de fer usée. Elle met alors ses chaussures d’acier et continue son chemin... Bref, elle marcha tant et tant, allant toujours devant elle, que ses chaussures d’acier étaient aussi presque usées, quand elle arriva au bord de la mer. Elle vit là, à l’angle de deux rochers, une hutte de l’apparence la plus misérable. Elle s’en approcha, poussa la porte, et aperçut à l’intérieur une petite femme, vieille comme la terre, et dont les dents étaient longues et aiguës comme celles d’un râteau de fer.

— Bonjour, grand’mère ! lui dit-elle.

— Bonjour, mon enfant ; que cherchez-vous par ici ? répondit la vieille.

— Hélas ! grand’mère, je cherche mon mari, qui m’a quittée et s’est retiré sur la montagne de Cristal, par delà la mer Bleue et la mer Rouge.

— Et vous avez fait beaucoup de chemin et souffert beaucoup pour venir jusqu’ici, mon enfant ?