Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/388

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ensorcelée ! Depuis deux ans j’essaie, à chaque buée, d’enlever trois taches de sang qui sont dessus, et, j’ai beau faire, je n’en puis venir à bout !

La voyageuse, entendant ces paroles, s’approcha de la lavandière qui parlait ainsi, et lui dit :

— Confiez-moi un instant cette chemise, je vous prie ; je pense que je réussirai à enlever les trois taches de sang.

On lui donna la chemise, elle cracha sur les trois taches de sang, la trempa dans l’eau, frotta un peu et aussitôt les trois taches disparurent.

— Mille mercis, lui dit la lavandière ; notre maître est sur le point de se marier, et il sera heureux de voir les trois taches de sang par : car c’est sa plus belle chemise.

— Je voudrais bien trouver de l’occupation dans la maison de votre maître.

— La gardeuse de moutons est partie, ces jours derniers, et elle n’est pas encore remplacée ; venez avec moi et je vous recommanderai.

Elle fut reçue comme gardeuse de moutons. Tous les jours, elle conduisait son troupeau dans un grand bois, qui entourait le château, et souvent elle voyait son mari qui venait s’y promener avec la jeune princesse qui devait être sa femme. Son cœur battait plus fort, quand voyait ; mais, elle n’osait pas parler.