Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle avait toujours ses trois boules d’or, et souvent, pour se désennuyer, elle s’amusait à jouer aux boules. Un jour, la jeune princesse remarqua ses boules d’or, et elle dit à sa suivante :

— Voyez ! voyez ! les belles boules d’or qu’a cette fille ! Allez lui demander de m’en vendre une.

La suivante alla trouver la bergère et lui dit :

— Les belles boules d’or que vous avez là, bergère ! Voudriez-vous en vendre une à la princesse, ma maîtresse ?

— Je ne vendrai pas mes boules ; je n’ai pas d’autre passe-temps, dans ma solitude.

— Bah ! vous êtes déraisonnable ; voyez comme vos habits sont en mauvais état ; vendez une de vos boules à ma maîtresse et elle vous paiera bien, et vous pourrez vous habiller proprement.

— Je ne demande ni or ni argent.

— Que désirez-vous donc ?

— Dormir une nuit avec votre maître !

— Comment ! mauvaise fille, osez-vous bien parler ainsi ?

— Je ne céderai une de mes boules d’or pour rien autre chose au monde.

La suivante retourna auprès de sa maîtresse.

— Eh bien ! qu’a répondu la bergère ?