Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 1.djvu/136

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La géologie, dans la forme scientifique à laquelle elle s’est élevée dans ces derniers temps, a moins pour objet d’imaginer, comme autrefois, des systêmes sur les états par où le globe a passé, que de décrire exactement son état actuel, et la position relative des masses qui composent son écorce. On sait que, sous ce dernier rapport, on a distingué ces masses, en primitives, c’est-à-dire dans lesquelles on ne voit point de traces de corps organisés, et que l’on croit antérieures à la vie ; et en secondaires, qui toutes sont plus ou moins remplies des débris de ces corps, et qui doivent en conséquence avoir été formées depuis qu’ils existent. Ces masses sont en outre généralement différentes par leur nature et par les matières qui les composent ; l’on a cru même long-temps que ces matières s’étaient succédées et remplacées d’une manière également tranchée, en sorte qu’aucune de celles qui se déposaient avant l’existence des corps organisés ne se serait déposée depuis, et réciproquement.

C’était là une assertion prématurée, que des observations plus exactes ont démentie. On s’est aperçu qu’entre ces deux genres de terrains il en existe de mélangés, en quelque sorte, où d’anciennes matières se reproduisent après que des matières nouvelles se sont montrées ; où quelques corps organisés sont recouverts par des masses de la même nature que celles qu’on croyait avoir cessé de se déposer depuis que la vie s’était montrée sur le globe. Ces monumèns du passage d’un état de chose à un autre ont été appelés terrains de transition.

Il n’est pas toujours facile de les reconnaître pour tels ; et M. Brochant, dans un Mémoire publié il y a quelque temps, avait eu besoin de toute sa sagacité pour rappeler à cette classe intermédiaire les plus grandes portions de la vallée de Tarentaise, d’autant que l’on n’avait point découvert alors quelques coquilles dont l’existence dans ces roches, a confirmé, de la manière la