Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/140

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Ce point apprécié à sa valeur, on en tirerait la conséquence que les teleosaurus sont à une très-grande distance des crocodiles ; s’il n’était point un autre caractère qui les rapproche, qui constitue une autre et toute puissante ordonnée, et dont on puisse dire que là est plus justement le cachet crocodilien par excellence. Je veux parler de l’organe de l’ouie qui présente, chez le crocodile, des conditions si nouvelles et surtout si inattendues, que je serai sans doute excusé d’entrer dans les détails suivants.

Déja nous avons parlé de l’attention que M. de Blainville avait accordée à l’une de ses parties, à la pièce dite la caisse, ou l’os tympanique, et que nous avons nommée énostéal. Sa grandeur et sa fixité dans le crâne entrèrent pour beaucoup dans les motifs qui portèrent notre savant confrère à établir l’ordre émydo-saurien. Où se rend cette pièce du côté interne ? Il me semble entendre le moins instruit des anatomistes répondre sans hésiter sur le rocher ; car c’est là où se porte tout naturellement le conduit auditif. L’analogie ne saurait être ici douteuse ; je crois qu’elle inspire à bon droit. Mais cependant qui a vu tout le rocher du crocodile ? Il y a mieux ; tous les compartiments en sont décrits avec savoir et grande exactitude, mais seulement comme on aurait pu faire d’une maison dans laquelle on aurait dressé un exact inventaire et sans qu’on puisse dire où est cette maison, quelle est son étendue, quel est son lieu, où sont ses limites, pourquoi elle est circonscrite. On doit beaucoup aux recherches de M. Cuvier sur ce point[1] ; et en effet, il a exploré tout l’intérieur de l’organe avec ce talent d’investigation et

  1. Cuvier : Ossements fossiles, 2e édition, tome 5, partie 2e, p. 80.