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XXXVI

Trente ans après son apparition, cet Ouvrage fameux avait gardé toute sa valeur originelle, comme en ont témoigné en 1894, Brunetière qui, à l’exemple de Renan, n’hésitait pas à l’égaler au Discours de la Méthode, et M. Chauveau, qui le déclarait ce toujours digne de l’admiration universelle qu’il avait suscitée au moment de sa publication ». Cette haute valeur, il la conserve encore tout entière aujourd’hui.

En lui faisant les loisirs nécessaires à la composition de ce beau livre, auquel il faut joindre le Rapport sur les progrès de la Physiologie générale publié bientôt après, la maladie de Claude Bernard a donc marqué, vers la fin de la première période de sa carrière, de 1865 à 1868, une époque décisive. Il s’y est élevé tout à coup du rang d’expérimentateur à celui de législateur de la méthode expérimentale.

Remarquons encore que toute cette première période, la plus longue et la plus féconde en découvertes, consacrée tout entière à la Physiologie animale, a été inspirée et dominée, en conformité avec le titre de sa chaire du Collège de France, par une idée médicale. En suivant la voie physiologique, il avait la ferme conviction de travailler au perfectionnement de la Médecine. Le développement progressif de la physiologie de l’homme était à ses yeux la condition rationnelle et méthodique du développement de la Médecine. Chercher, par l’expérimentation, les phénomènes de la santé, ce qui est la physiologie normale ; de la maladie, ce qui est la physiologie pathologique, et en déduire les moyens d’action, ce qui est la thérapeutique : c’était assurément poser le problème physiologique, mais c’était poser en même temps le problème médical. Cette prétention, combattue comme utopique par l’École médicale contemporaine, par l’École clinique, est le centre vers lequel viennent converger tous les enseignements donnés par Claude Bernard au Collège de France. Son rôle, dans cette première phase de son existence scientifique, peut donc s’exprimer d’un seul mot il s’est efforcé de fonder la Médecine expérimentale.

Nous voici arrivés à la seconde période de l’activité scientifique de