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HISTOIRE DU COMTE

À ces mots, les traits du comte et de la comtesse s’assombrirent sous une pénible expression d’inquiétude.

Lundi, dernier jour de juillet, continua l’étranger, un jeune dominicain, nommé Jacques Clément, encouragé par madame la duchesse de Montpensier, sœur des Guise, partit pour Saint-Cloud, sous prétexte de remettre au roi des lettres du premier président, Achille de Harlay, et de lui communiquer les choses les plus importantes sur les intérêts de sa couronne. Le lendemain, le jeune religieux ayant été introduit dans la chambre du roi, entre six et sept heures du matin, le frappa mortellement d’un coup de couteau.

Par suite de cet événement, ajouta l’étranger, en s’inclinant gracieusement vers le comte, le duc de Mayenne, qui connaît votre bravoure, m’a député vers vous, pour vous prier de sa part de venir vous joindre aux intrépides et loyaux défenseurs de la religion catholique, apostolique et romaine, aux fins de repousser par la force des armes ce huguenot de Henri de Navarre, qui a mis le siège devant notre bonne ville de Paris.

Le comte du Bel stupéfait de ce message, conserva assez d’autorité sur lui pour répondre qu’il était aux ordres du duc de Mayenne, et qu’il s’estimait heureux de pouvoir lui donner des preuves de son estime et de son affection, qu’ils avaient débuté ensemble dans la carrière des armes, et qu’il se retrouverait avec bonheur sous le commandement d’un si vaillant capitaine. Puis, après une pause de réflexion, il ajouta : Veuillez me dire, seigneur chevalier, si vous accordez beaucoup de temps à mes préparatifs de départ ?

J’ai des ordres précis, répondit le chevalier, et je dois vous dire que la ville de Paris étant assiégée par Henri de Navarre, un combat terrible peut avoir lieu d’un moment à l’autre, et que devant être rendus à Paris dans trois jours, il devient in-