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ANTOINE-RENÉ DU BEL

en funérailles ; madame la comtesse ne peut avoir deux maris, il faut que l’un de nous disparaisse ; je vous provoque aujourd’hui même à un combat singulier. Alors se tournant vers le prêtre, il le mesure d’un regard étincelant de fureur, et lui dit : ministre d’un Dieu de paix, tu t’es constitué aujourd’hui le serviteur de Satan, maudite soit ta main qui a béni un mariage adultère ! Et des voix répétaient dans la foule : Maudite soit ta main qui a béni un mariage adultère !

À deux jours de là le comte Antoine-René du Bel était assis seul, à l’extrémité de son château, dans une chambre étroite et sombre. À la lueur d’une lampe pâle, on distinguait, au fond de cette chambre, un lit de repos garni de vieux rideaux de velours noir. Contre la muraille, lambrissée en bois de chêne, étaient suspendus les portraits de ses ancêtres.

Le premier portrait représentait Alexandre-Ferdinand du Bel, tenant un faucon dans sa main, et foulant a ses pieds un manant qu’il avait trouvé chassant sur ses terres.

Le deuxième portrait était celui de Jacob-Léonard du Bel, qui avait été attaché en qualité d’écuyer aux princes de la maison de Lorraine, sous le règne de François II. Il était représenté avec une arbalète, ajustant un huguenot le jour de la Saint-Barthélemy. Sa physionomie exprimait la colère la plus sombre.

On voyait sur le troisième portrait Achille-Hercule du Bel, portant dans sa main une hure de sanglier, et regardant l’index de sa main droite, auquel François Ier avait passé un anneau magnifique, en récompense de la bravoure qu’il avait déployée au siège de Pavie.

Il y avait encore plusieurs autres portraits ; mais le plus intéressant était sans contredit le treizième et dernier, qui représentait Camille-Prosper-Léopold du Bel, l’un des membres les plus distingués de cette famille. Il était tête nue et revêtu d’une épaisse armure. À côté de lui, on voyait une femme, couchée