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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/208

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

que sa femme, sur le navire de ce brave capitaine.

Arrivé à Paris, Augereau fut nommé capitaine et envoyé dans la Vendée, où il sauva, par ses conseils et son courage, l’armée de l’incapable général Roucin, ce qui lui valut le grade de chef de bataillon. Dégoûté de combattre contre des Français, Augereau demanda à aller aux Pyrénées et fut envoyé au camp de Toulouse, commandé par mon père, qui, très satisfait de sa manière de servir, le fit nommer adjudant général (colonel d’état-major) et le combla de marques d’affection, ce qu’Augereau n’oublia jamais. Devenu général, il se distingua dans les guerres d’Espagne, puis en Italie, principalement à Castiglione.

La veille de cette bataille, l’armée française, cernée de toutes parts, se trouvait dans la position la plus critique, lorsque le général en chef Bonaparte convoqua un conseil de guerre, le seul qu’il ait jamais consulté. Tous les généraux, même Masséna, opinèrent pour la retraite, lorsque Augereau, expliquant ce qu’il fallait faire pour sortir d’embarras, termina en disant : « Dussiez-vous tous partir, je reste, et, avec ma division, j’attaque l’ennemi au point du jour. » Bonaparte, frappé des raisons qui venaient d’être produites par Augereau, lui dit : « Eh bien ! je resterai avec toi ! » Dès lors, il ne fut plus question de retraite, et le lendemain, une éclatante victoire, due en grande partie à la valeur et aux belles manœuvres d’Augereau, raffermit pour longtemps la position des armées françaises en Italie. Aussi, lorsque quelques jaloux se permettaient de gloser contre Augereau en présence de l’Empereur, il répondait : « N’oublions pas qu’il nous a sauvés à Castiglione. » Et lorsqu’il créa une nouvelle noblesse, il nomma Augereau duc de Castiglione.

Le général Hoche venait de mourir ; Augereau le rem-