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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/228

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

lui accorda une pension et la plaça auprès de sa femme ; mais la cour convenait peu à Mlle Sans-gêne ; elle se sépara donc de Mme Bonaparte, qui, d’un commun accord, la céda à Mme Augereau, dont elle devint secrétaire et lectrice. La seconde dame placée auprès de la maréchale était la veuve du sculpteur Adam, qui, malgré ses quatre-vingts ans, était le boute-en-train du château. La grosse joie et les mystifications étaient à l’ordre du jour à cette époque, et surtout à la Houssaye, dont le maître n’était heureux que lorsqu’il voyait la gaieté animer ses hôtes et les jeunes gens de son état-major.

Le maréchal rentra à Paris au mois de novembre. L’époque du couronnement de l’Empereur, approchait, et déjà le Pape, venu pour le sacre, était aux Tuileries. Une foule de magistrats et de députations des divers départements avaient été convoqués dans la capitale, où se trouvaient aussi tous les colonels de l’armée, avec un détachement de leurs régiments, auxquels l’Empereur distribua au Champ de Mars ces aigles devenues si célèbres !… Paris resplendissant étalait un luxe jusqu’alors inconnu. La cour du nouvel Empereur devint la plus brillante du monde ; ce n’étaient partout que fêtes, bals et joyeuses réunions.

Le couronnement eut lieu le 2 décembre. J’accompagnai le maréchal à cette cérémonie que je m’abstiendrai de décrire, car le récit en a été fait dans plusieurs ouvrages. Quelques jours après, les maréchaux offrirent un bal à l’Empereur et à l’Impératrice. Vous savez qu’ils étaient dix-huit. Le maréchal Duroc, bien qu’il ne fût que préfet du palais, se joignit à eux, ce qui portait à dix-neuf le nombre des payants, dont chacun versa 25,000 francs pour les frais de la fête, qui coûta par conséquent 475,000 francs. Ce bal eut lieu dans la grande