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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/293

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MISSION À DARMSTADT.

et gagnâmes la ville d’Ulm, où nous trouvâmes le 7e corps et le maréchal Augereau. Nous y passâmes une quinzaine de jours.

Pour rapprocher insensiblement le 7e corps de la Hesse électorale, intime alliée de la Prusse, Napoléon lui donna l’ordre de se rendre de Ulm à Heidelberg, où nous arrivâmes vers la fin de décembre et commençâmes l’année 1806. Après un court séjour dans cette ville, le 7e corps se rendit à Darmstadt, capitale du landgrave de Hesse-Darmstadt, prince fort attaché au roi de Prusse, tant par les liens du sang que par ceux de la politique. Bien que ce monarque, en acceptant le Hanovre, eût conclu un traité d’alliance avec Napoléon, il l’avait fait avec répugnance et redoutait l’approche de l’armée française.

Le maréchal Augereau, avant de faire entrer ses troupes dans le pays de Darmstadt, crut devoir en prévenir le landgrave par une lettre qu’il me chargea de lui porter. Le trajet n’était que de quinze lieues ; je le fis en une nuit ; mais en arrivant à Darmstadt, j’appris que le landgrave, auquel on avait insinué que les Français voulaient s’emparer de sa personne, venait de quitter cette résidence pour se retirer dans une autre partie de ses États, d’où il pourrait facilement se réfugier en Prusse. Ce départ me contraria beaucoup ; cependant, ayant appris que Mme la landgrave était encore au palais, je demandai à lui être présenté.

Cette princesse, dont la personne avait beaucoup de ressemblance avec les portraits de l’impératrice Catherine de Russie, avait, comme elle, un caractère mâle, une très grande capacité, et toutes les qualités nécessaires pour diriger un vaste empire. Aussi gouvernait-elle le prince son époux, ainsi que ses États ; c’était, sous tous les rapports, ce qu’on peut appeler une maî-