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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/295

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CONFÉDÉRATION DU RHIN.

dant qu’elles servissent dans le corps du maréchal Augereau. Ce prince dut ainsi sa conservation et son élévation au courage de sa femme.

Quoique je fusse encore bien jeune à cette époque, je pensai que Napoléon commettait une grande faute, en réduisant le nombre des petites principautés de l’Allemagne. En effet, dans les anciennes guerres contre la France, les huit cents princes des corps germaniques ne pouvaient agir ensemble ; il y en avait qui ne fournissaient qu’une compagnie, d’autres qu’un peloton, plusieurs un demi-soldat ; de sorte que la réunion de ces divers contingents composait une armée totalement dépourvue d’ensemble et se débandant au premier revers. Mais lorsque Napoléon eut réduit à trente-deux le nombre des principautés, il y eut un commencement de centralisation dans les forces de l’Allemagne. Les souverains conservés et agrandis formèrent une petite armée bien constituée. C’était le but que l’Empereur se proposait, dans l’espoir d’utiliser ainsi à son profit toutes les ressources militaires de ce pays, ce qui eut lieu, en effet, tant que nous eûmes des succès ; mais, au premier revers, les trente-deux souverains, s’étant entendus, se réunirent contre la France, et leur coalition avec la Russie renversa l’empereur Napoléon, qui fut ainsi puni pour n’avoir pas suivi l’ancienne politique des rois de France.

Nous passâmes une partie de l’hiver à Darmstadt en fêtes, bals et galas. Les troupes du grand-duc étaient commandées par un respectable général, de Stoch. Il avait un fils de mon âge, lieutenant des gardes, charmant jeune homme avec lequel je me liai intimement et dont je reparlerai. Nous n’étions qu’à dix lieues de Francfort-sur-Mein ; cette ville, encore libre, et que son commerce rendait immensément riche, était depuis longtemps le foyer de toutes les intrigues ourdies contre la France, et