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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/356

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

Français voulaient s’emparer d’Eylau, envoyèrent de leur côté des renforts, de sorte qu’un combat sanglant s’engagea dans les rues de la ville, qui finit par rester en notre pouvoir.

Bien que cette attaque n’eût pas été ordonnée par l’Empereur, il crut cependant devoir en profiter et vint s’établir à la maison de poste d’Eylau. Sa garde et le corps de Soult occupèrent la ville, qu’entoura la cavalerie de Murat. Les troupes d’Augereau furent placées à Zehen, petit hameau dans lequel nous espérions trouver quelques ressources ; mais les Russes avaient tout pillé en se retirant, de sorte que nos malheureux régiments, qui n’avaient reçu aucune distribution depuis huit jours, n’eurent pour se réconforter que quelques pommes de terre et de l’eau !… Les équipages de l’état-major du 7e corps ayant été laissés à Landsberg, notre souper ne fut même pas aussi bon que celui des soldats, car nous ne pûmes nous procurer des pommes de terre !… Enfin, le 8 au matin, au moment où nous allions monter à cheval pour marcher à l’ennemi, un domestique ayant apporté un pain au maréchal, celui-ci, toujours plein de bonté, le partagea entre tous ses aides de camp, et après ce frugal repas, qui devait être le dernier pour plusieurs d’entre nous, le corps d’armée se rendit au poste que l’Empereur lui avait assigné.

Conformément au plan que je me suis tracé en écrivant ces Mémoires, je ne fatiguerai pas votre attention par le récit trop circonstancié des diverses phases de cette terrible bataille d’Eylau, dont je me bornerai à raconter les faits principaux.

Le 8 février, au matin, la position des deux armées était celle-ci : les Russes avaient leur gauche à Serpallen, leur centre en avant d’Auklapen, leur droite à Schmoditten, et ils attendaient huit mille Prussiens qui devaient